Dit comme ça, le titre sonne comme le début d’une trilogie de films d’action vraiment épique. C’est peut-être aussi que la narration dans ma tête est faite par une voix grave et dramatique.

Bref, on s’égare.

Je suis très fier de collaborer en mars avec l’Association Canadienne des Breuvages pour démystifier la caféine en nutrition sportive. Parce que oui, la majorité des adultes au Canada boivent du café chaque jour (environ 2.7 tasses en moyenne), mais certains sportifs utilisent aussi ce composé pour améliorer leur performance.

Une chose à la fois : qu’est-ce que la caféine?

La caféine, ou 1,3,7-trimethylpurine-2,6-dione pour les intimes, est un alcaloïde de la famille des méthylxanthines. C’est un stimulant psychotrope qui a un léger effet diurétique.

En français maintenant : la caféine est une molécule naturellement présente dans les fruits, les graines et les feuilles de plus de 60 plantes. En plus des plants de café comme coffea arabica, on la trouve dans la fève de cacao, les feuilles de thé, la yerba maté, les baies de guarana et la noix de kola. Elle agit dans ces plantes comme un pesticide naturel.

Contrairement aux insectes qui sont paralysés ou qui meurent quand ils en ingèrent, les humains retirent de la caféine un effet stimulant qui diminue la somnolence et le temps de réaction et qui améliore la vigilance. Dans un autre ordre d’idées, certains profitent stratégiquement de l’effet stimulant qu’a le café matinal sur leur colon pour aller à la selle dans les minutes qui suivent et commencer la journée du bon pied (insérer émoji de caca souriant 🙂).

Origines de la caféine

Pour mieux apprécier la beauté de la caféine aujourd’hui, on doit commencer au commencement.

L’histoire de plusieurs peuples raconte l’euphorie et l’énergie liée à la consommation de certaines plantes. Qu’il s’agisse de la feuille de thé, la fève de cacao, la yerba maté, la guarana ou la noix de kola, ces plantes étaient utilisées comme stimulants à l’époque pour se donner un peu de « pep », traiter les maux de tête et améliorer la performance physique.

Bien que l’infusion de thé date environ de l’an -3000 en Chine, la torréfaction des grains de café pour en produire le liquide foncé qu’on connaît aujourd’hui est beaucoup plus récente. Le procédé commence dans les années 1400 au Moyen-Orient, puis migre à travers l’Europe dans les années 1600 avant d’arriver en Amérique dans les années 1700.

Caféine et eau gazéifiée : une combinaison historique

Fait cocasse : la caféine n’a pas fait son apparition dans le monde sportif sous forme de café. Son histoire est plutôt liée à l’eau gazéifiée! Vers la fin des années 1700, ce liquide était vendu en pharmacies puisqu’il conférait selon les croyances de l’époque des vertus pour la santé.

Entre-temps, la caféine est isolée pour la première fois en 1819 par le chimiste allemand Friedlieb Ferdinand Runge, qui la nomme affectueusement « kaffebase » (base à café). Son travail était inspiré de l’engouement nouveau à propos de la consommation de café en Europe.

Flairant la bonne affaire, les pharmaciens américains commencent dans les années 1800 à ajouter des herbes médicinales et des ingrédients savoureux aux eaux gazéifiées. Tu l’auras deviné, une de ces herbes était la noix de kola, et l’autre, la cocaïne.

*Parenthèse : le cola dans ton frigo ne contient aujourd’hui ni kola, ni cocaïne. Désolé! ¯\_(ツ)_/¯

On passe à la deuxième vitesse

Voyant l’enthousiasme grandissant vis-à-vis des colas, le marketing fait un 180° pour passer du breuvage médicinal à la boisson tendance. Pour mousser cet intérêt, les corporations font appel aux influenceurs de l’époque : les célébrités sportives.

En 1908, le pilote de course américain Barney Oldfield donne sa bénédiction au Pepsi en apparaissant dans des publicités de journaux pour qualifier le produit de « rafraîchissant et revigorant avant la course » et de « boisson splendide de récupération après la course ».

Vingt ans plus tard, l’équipe olympique américaine voyageait vers les jeux d’Amsterdam en compagnie de 1000 caisses de Coca-Cola. La compagnie parraine d’ailleurs encore à ce jour les Jeux Olympiques d’hiver et d’été.

La science s’en mêle

Au début des années 1900, les cocktails concoctés pour améliorer la performance des athlètes ne manquent pas d’originalité, combinant la caféine à la cocaïne et à l’héroïne pour prévenir la fatigue et la faim pendant des efforts épuisants et prolongés. Un beau mix! Ces mélanges maison, souvent développés en secret par l’athlète ou son équipe, sont tolérés jusqu’à ce que la cocaïne et l’héroïne soient restreintes aux prescriptions dans les années 1920, puis finalement bannies avec l’introduction de programmes anti-dopage par le Comité International Olympique vers la fin des années 1960.

Parallèlement, les premières études à propos des effets de la caféine sur le travail musculaire sont publiées à Cambridge aux Royaumes Unis en 1903 et en 1908 par les chercheurs William Rivers et Harald Webber qui font les tests sur eux-mêmes.

Dans les années 1940, des chercheurs américains et danois se basent sur les résultats de Rivers et Webber pour pousser la science de la caféine plus loin. On voit notamment apparaître des études portant sur différents sports et des comparaisons entre la caféine et d’autres stimulants comme l’alcool et la cocaïne.

Les études plus modernes débutent dans le laboratoire du physiologiste de l’exercice américain David Costill qui montre en 1978 une amélioration assez frappante de la performance chez des cyclistes. Ceux ayant consommé 330 mg de caféine – soit l’équivalent de 3.5 tasses de café – réussissent à pédaler près de 30% plus longtemps que leurs compatriotes du groupe placebo lors d’une épreuve jusqu’à l’épuisement à 80% du VO2max.

À travers cette ébullition de l’intérêt pour la caféine, l’Agence Mondiale Anti Dopage (WADA) bannit en 1984 la caféine des substances autorisées, au grand déplaisir des sportifs amateurs de café. L’agence revient toutefois sur sa décision en 2004, autorisant non seulement les athlètes testés à boire du café, mais aussi à essayer la caféine comme un supplément pour la performance.

 

Au final, ces décennies de recherche ont mené aujourd’hui à des percées desquelles tout le monde peut profiter ; du sportif intermédiaire à l’athlète professionnel. Je t’explique dans mon prochain article comment la caféine est utilisée de nos jours pour améliorer la performance et quels protocoles mènent aux meilleurs résultats.

En attendant, parions que tu dégusteras ton café différemment demain matin!

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